Au XXIème siècle où les grands empires semblent avoir pourtant définitivement disparu, il existe toujours un pays où le soleil ne se couche jamais. Si cette phrase associée au règne de Charles Quint et au sommet de la puissance de l’empire britannique peut renvoyer à toute une notion de grandeur et de gloire, si le soleil ne se couche jamais sur ce pays, ce n’est pas car c’est un éternel matin, comme l’Amérique reaganienne, mais car le crépuscule nous semble interminable, et pour cause, ce pays c’est le nôtre : la France.
En effet, la France est la dernière nation à exister sur tous les continents, dans tous les océans sous toutes les latitudes, la République s’étendant de la Guyane a Saint Pierre et Miquelon, de la Nouvelle Calédonie à la Martinique, des Kerguelen à Clipperton, et partout, le même abandon de l’état, partout la même ignorance de nos richesses qu’elles soient géographiques, naturelles, stratégiques, culturelles ou humaines.
Parmi ces nombreuses régions sous l’égide de notre état-mondial, il en existe un qui devrait particulièrement retenir notre attention, et celui de nos dirigeants, autant pour ce qu’il a à offrir que pour la place qu’il peut occuper dans la géopolitique actuelle : la Polynésie Française.
Si la population pense la plupart du temps à la Polynésie en tant que région touristique (et avec les pertes importantes du pouvoir d’achat elle n’y pensera donc encore moins), ignorant presque que Tahiti et Bora Bora sont bel et bien des territoires français et non pas seulement des noms évocateurs, presque magique, d’un lointain idyllique et exotique, le fait est que la Polynésie est le territoire le plus vaste de la France, un espace plus grand encore que la totalité de l’UE, et ceux au cœur de la zone la plus disputée, la plus forte en enjeux, la plus stratégique, tant commercialement que militairement au XXIème siècle : l’Indo Pacifique.
En effet, au-delà des plages de sable blanc, des cocotiers, de la chaleur humaine de la population et de la fascination que peut provoquer les mythes et légende polynésienne, les vastes étendues maritime que représente ce territoire, quelque part à mi-chemin entre la Californie et les côtes chinoises sont une force tant commerciale qu’en termes de ressources incomparables pour faire face à la plupart des nations et qui pourrait bénéficier à la France pour se réaffirmer comme une grande puissance au cœur des enjeux mondiaux actuel.
Avec une population de plus d’un million d’habitants, certes disséminés sur un territoire des plus immense, l’implantation française de la région va au-delà de la simple possession de petits îlots inhabités, mais permet une véritable connaissance intime des enjeux de la région au-delà des aspects seulement sécuritaires. La proximité tant géographique que culturelle entre les polynésiens français et les polynésiens de nombreux états indépendants de la région permet une plus grande coopération diplomatique et économique ainsi qu’une approche différente de la vie dans la région par rapport à la vision que pourrait en avoir un fonctionnaire parisien d’un ministère.
La Polynésie ainsi compte tenu de l’éloignement géographique et des particularités culturelles bénéficient d’une autonomie très étendue, une autonomie très large par rapport à ce que l’on pourrait s’attendre d’une entité française, loin des habitudes extrêmement centralisatrice et jacobins de la république et qui permet à la Polynésie française d’étendre ses attribues autonomes jusqu’au domaine régalien réservé de la diplomatie et de la politique étrangère.
Ce mécanisme para-diplomatique peut ainsi se révéler encore un atout de plus dans le jeu de la France dans le pacifique. Néanmoins, il semblerait que les stratèges de l’Elysée et du Quai d’Orsay n’aient pas pensé à cette spécificité institutionnelle lorsqu’il s’agit de penser en large la politique stratégique française dans le Pacifique. En effet, dans les divers livres blanc et discours de l’exécutif nulle mention de ce pouvoir dévolu à l’autorité non souveraine de Polynésie.
Rien sur les atouts que représentent une telle population pour interagir avec la myriade de peuples de la région pourtant tous hardiment courtisés par les grandes puissances régionales quelles soit chinoise Américaine ou Australienne et avec lesquels la Polynésie entretient des liens forts à travers des institutions telles que le forum des pacifiques.
Ni aucune réflexion sur les possible désavantages et faiblesse d’un tel système : possibilité d’entrisme chinois ou déstabilisation des Anglo saxons, particulièrement des australiens qui voient depuis toujours d’un très mauvais œil la présence française dans la région derrière finançant clandestinement les divers mouvements indépendantistes et tout ce qui pourrait nuire à la France dans des méthodes dignes de leur grand-mère de Perfide Albion.
Aujourd’hui des diplomates du monde entier viennent courtiser les polynésiens qui restent tout de même fièrement associé à la France comme en témoigne la très grande participation des polynésiens dans notre Armée. Néanmoins, on sent tout de même monter un certain mécontentement vis-à-vis de la façon dont la métropole traite sa lointaine province du pacifique, comme un jouet qui pourrait être utile à la France seulement en ce qu’elle ne peut servir a d’autre, ne s’y intéressant vraiment que depuis peu et encore sans la profondeur qu’il faudrait lui accorder, son autonomie pourtant extrêmement riche en opportunités stratégique pouvant plus être perçu comme une façon de laisser faire, ne pas avoir à s’occuper de quelque chose plus que comme une grande armée au service du quai d’Orsay venant doubler les canaux de communication et l’implantation local comme cela pourrait être. Lorsque le président parle du pacifique il n’évoque que rarement les français du pacifique et pourtant qui de mieux que eux pour penser et agir fièrement au service à la fois de la France mais aussi de leur terre, de leur « petite patrie » comme disaient les serviteurs de la III ième république, dans le cadre d’un océan qu’ils connaissent en profondeur, avec le rythme dans lequel ils vivent tous les jours depuis les millénaires et suivant les coutumes particulière de la région qui est leur quotidien.
Nous pourrions aussi évoquer l’économie de l’île reposant énormément sur les importations chinoises et américaines, logique compte tenu de l’éloignement géographique mais révélateur du manque d’intégration et d’action de la métropole. Il suffit de se promener autour de l’ile pour constater que la Tahiti et la Polynésie ne sont peut être pas traiter à la place qu’elles méritent et a la place qui devrait être la leurs compte tenue de l’importance géostratégique du Pacifique pour la France (ou tout du moins des intentions d’importances qu’exprimes les récent discours d’Emmanuel Macron). En effet on a vite fait de constater que de nombreux bâtiments ont depuis longtemps vu leur gloire passée, qu’au-delà des églises mormones, de grands hôtels américains et de quelques supermarchés tout semble être négligée depuis longtemps, que l’investissement métropolitains, si sur le papier doit bel et bien exister faillit à se manifester dans les paysages de l’ile. On peut aussi voir les prix exorbitant des télécommunications, dans un territoire ou le pouvoir d’achat est plus faible que sur le continent, tenu par des grandes entreprises Anglo saxonnes face auxquelles l’état français n’a pas particulièrement cherché à s’opposer.
Le désintérêt de l’état à néanmoins cyniquement des avantages, car c’est probablement à Tahiti ou les ravages culturels du jacobinisme font le moins de dégât, les polynésiens parle leurs langues, suivent les coutumes de leurs ancêtres et en sont fières, les quelques « Popa » bobo de la métropole doivent s’adapter ou vivre entre eux. Ce qui fait ainsi que le tissu social et la force morale de la société a Tahiti est bien plus forte que sur le continent, la vie de la communauté est présente et cet esprit est une force incomparable qui, si l’état ne cherche pas à y mettre son nez et si Tahiti continue de se protéger de certains des aspects négatifs de la modernité constituera un atout incomparable pour tous, tant pour les locaux que pour la France dans son ensemble. Les Polynésiens ont ainsi la fois, le sens du devoir, le respect de la nature, une grande appétence pour l’artisanat et la pêche et le gout de la culture le tout couplé a un grand sens de l’humour, tant de valeurs qui nous font de plus en plus défaut en métropole en dépit de leur nature cardinal pour survivre au monde d’aujourd’hui.
Néanmoins, il y a tout de même d’autres problèmes sociaux, différents de ceux de la métropole ou tout du moins différents dans leur modalité d’apparition qui persistent, on peut en effet évoquer les ravages de la drogue qui pose de très gros problèmes à la communauté ainsi que des problèmes de petite délinquance. Il y a une augmentation des prix de l’immobilier ainsi que de nombreux autres problèmes structurel qui apparaisse ou s’aggrave, toucher comme ailleurs par les problèmes économiques mondiaux.
Ce sont autant de défis qui devront être résolus tant par le gouvernement autonome polynésien que par l’état français qui doit intervenir s’il veut pouvoir regagner les cœurs de la population dans cette région et ainsi pouvoir accomplir ses grandes annonces stratégiques ou environnementales. La place de la France en tant que dernière puissance présente sur toute la planète, qualité qu’elle semble ignorer de plus en plus, en dépend.
La France doit se forcer à regarder ses richesses et à savoir intelligemment les mettre en valeur plutôt que de poursuivre des chimères et d’endommager ses relations avec ses parties les plus lointaines par négligence. Il suffit d’entreprendre une recherche sur la para-diplomatie polynésienne dans la stratégie indopacifique française et de se rendre compte que personne ne s’y est intéressé pour constater que la France ne se donne plus les moyens ni les ambitions pour tenir son rang mondial qu’elle semble définitivement avoir abandonné.