Prix de l’électricité qui explose, investissements en forte baisse, promesses politiques non tenues, parc énergétique français vieillissant; la France se heurte à de multiples problèmes qui impactent directement la vie des français et leur porte-monnaie. Comment la France, un des pays leader mondial en terme de production énergétique décarbonée et à la pointe de la technologie nucléaire peut se voir autant impacter par la crise énergétique ? La réponse est simple, vingt années d’amateurisme politique, d’abandon de notre souveraineté et de soumission aux accords européens. Analyse.
Un investissement décroissant
Depuis 15 ans et plus particulièrement sous les mandats d’Emmanuel Macron, l’investissement économique mais plus globalement politique autour du nucléaire n’a fait que baisser.
En 2018, Emmanuel Macron, dans une tentative purement politique d’apparaître sympathique auprès de l’électorat EELV déclare la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035, dont les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, plus vieille centrale française.
Jusqu’à la fin de son quinquennat, Emmanuel Macron réitèrera sa volonté de baisser la part du nucléaire français contre l’augmentation de celle des énergies renouvelables.
Le 5 septembre 2022, Emmanuel Macron revient sur le sort de la centrale de Fessenheim et déclare que “Le choix le plus rationnel était en effet de confirmer la fermeture”. Cette déclaration à tout de suite fait réagir.
En effet, la centrale, bien que plus vieille centrale nucléaire en activité en France, avait encore de beaux jours devant elle. Alors qu’Emmanuel Macron explique sa décision pour des raisons de sureté, l’adjoint au chef de la division de l’ASN Strasbourg a déclaré en 2020 que “elle (la centrale) est beaucoup plus sûre que lors de sa création”
Toujours en 2020, le président de la communauté de communes du bassin, Gérard Hug confirmait que «L’Autorité de sûreté nucléaire nous
répond que c’est (Fessenheim ndlr) l’une des plus sûres de France.»
En dehors des investissements directs dans les centrales existantes, les futures centrales sont, elle aussi, tombées sous le joug d’une politique de démantèlement de notre avancée en matière nucléaire. Ainsi, dans la continuité d’une baisse de la R&D dans le secteur, le projet Astrid qui avait pour objectif la mise en service d’un prototype de réacteur de quatrième génération a été annulé, faute de budget.
De plus, un retour en arrière n’est pas possible à court et à moyen terme, la filière nucléaire ayant été marginalisée dans ce dernier quinquennat, comme l’explique bien le directeur général d’EDF, Jean-Bernard Lévy : “Et pourquoi on n’a pas assez d’équipes formées ? Parce qu’on nous a dit : ‘Le parc nucléaire va décliner, préparez-vous à fermer des centrales’ et en ajoutant que la filière n’a “pas embauché de gens pour construire” des réacteurs mais “pour en fermer”.
Un retour en arrière possible ?
Bien qu’Emmanuel Macron, par un spectaculaire revirement à 180 degrés, a annoncé en octobre la construction de nouveaux réacteurs, le mal était fait.
Le retard des investissements et le délaissement d’une filière pourtant innovante a plongé la France dans une pente dangereuse et remettant en cause son statut de leader dans le domaine du nucléaire. L’absence de qualification des nouveaux techniciens et ingénieurs ralentit considérablement l’avancement des projets tels que l’EPR de Flamanville ou celle de la centrale d’Hinkley Point (par EDF) en Angleterre.
Un abandon de notre souveraineté au profit de l’Union européenne.
Dès 2010, la soumission de la France aux accords Européens comme celui sur la loi portant sur la Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité (NOME) et son application en France par le dispositif de l’ARENH (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique) n’a fait que diminuer nos possibilités décisionnelles. Ces accords, en plus d’obliger EDF a vendre son énergie à bas prix aux fournisseurs alternatifs de l’Union ne bénéficiants pas des capacités énergétiques similaires à la France, permet à ces revendeurs d’empocher une belle plus-value sur notre énergie.
C’est aussi ces accords qui ont permis la mise en place de tarifs européens de l’énergie et qui indexe le prix de l’électricité sur celui du gaz.
Mais cette soumission n’est malheureusement pas le fait d’un manque de pouvoir, d’une infériorité technique, économique ou encore d’un poids dans les décisions internationales dérisoire, celle-ci est programmée, organisée et orchestrée par les élites françaises, notamment politiques, au service d’une idéologie. Dominique Voynet, ministre de l’environnement entre 1997 et 2001 se vante même d’avoir sabordé le nucléaire français, de concert avec les anglais.
Signe ultime du délitement de notre souveraineté énergétique, la balance commerciale énergétique dont voici les chiffres.
Entre 2012 et 2022, la France est passée d’un pays quasiment uniquement exportateur (voir à 100% en 2014 et 2015) à un pays qui, en 2022, a importé (en jours) près de deux fois plus qu’elle n’a exporté.
Ainsi, bien que la France ait développé depuis la fin de la seconde guerre mondiale des technologies de pointes comme le nucléaire, le célèbre principe de la nationalisation des pertes bat son plein sous le quinquennat Macron et n’est malheureusement pas près de s’arrêter…